Le rodage
Posté : ven. 8 févr. 2008 13:55
Les questions concernant le rodage vont inévitablement surgir au moment de la commercialisation de l'ER-2. Autant anticiper et poser dès à présent des règles générales concernant le rodage qui seront à affiner en fonction des chiffres données par le manuel d'utilisation.
Préambule :
Malgré la qualité de l'usinage des pièces d'un moteur, il reste toujours un petit travail d'apariement des pièces mécaniques en contact les unes des autres. Le segments doivent finir d'adoucir les parois du cylindre, les pignons s'ajuster au mieux les uns par rapport aux autres, les pièces mobiles achever de se placer par rapport aux pièces fixes, etc. On a coutume de dire que le rodage est une étape importante dans la vie d'un moteur, et qui conditionnera son rendement futur et sa durée de vie. Un moteur massacré pendant le rodage sera moins performant, consommera plus d'huile... Mais ces conseils sont aussi valables après la phase de rodage.
Le rodage :
Le rodage consiste donc à parfaire la mise en place des pièces, notamment au niveau de l'ensemble vilebrequin-bielle-segments-cylindre, qui vont s'user les uns par rapport aux autres pour atteindre leur jeu de fonctionnement optimal. Ce sont ces jeux de fonctionnement qui vont conditionner l'étanchéité des segments, par exemple.
Il existe deux méthodes de rodage : la douce et la brutale, cette dernière étant sujette à polémique.
La douce consiste à augmenter progressivement la charge imposée au moteur pendant une période donnée, généralement de 1.500 kilomètres. Il s'agit de monter progressivement dans les tours, par paliers de 1.000 tours/minutes.
Sans chiffres précis pour l'instant, on peut néanmoins supposer qu'il faudra rester sous les 5.000 tours/minutes de 0 à 500 km, puis augmenter de 1.000 tours/minutes par tranche de 100 km pour arriver à 10.000 tours à 1.000 kilomètres, au moment de la 1ere révision.
Notez que cette révision est impérative. Pendant les 1.000 premiers kilomètres, les pièces vont s'user, et libérer dans l'huile des particules métalliques abrasives qui seront éliminées à la 1ere vidange. Faire la 1ere révision à 1.200 km n'est pas un drame, à 2.000 ça devient plus chaud, à 5.000 ce n'est pas conseillé.
A la sortie de la 1ere révision, le rodage n'est pas terminé pour autant. Pendant encore 500 kilomètres il va falloir éviter de trop tirer sur le moteur pendant de longues périodes (genre autoroute à fond pendant 20 kilomètres). En effet, tant que le jeu entre les pièces mécaniques n'est pas optimal, les pièces ont tendance à surchauffer. Et qui dit surchauffe dit risque d'arrachement de pellicules de métal qui vont se retrouver dans l'huile, ce qui n'est pas bon.
Comment faire un bon rodage ?
En période de rodage, et encore plus qu'après, il faudra prendre soin de ne pas taper dans le moteur à froid. Cela ne veut pas dire de rouler comme une limace en sous-régime pendant 20 kilomètres avant d'ouvrir comme une brute. Cela veut dire utiliser le moteur sans forcer, sans ouvrir la poignée de gaz en grand (sauf cas d'urgence), en le laissant monter en température. Evidemment, cette période de chauffe sera plus longue en hiver qu'en été.
Maintenant, il ne faut pas non plus être complètement paranoïaque, ou tout simplement trop prudent : nos moteurs ne sont pas en sucre, donner un coup de gaz une minute après le départ ne va pas démolir le moteur.
Une fois la machine chaude, il ne s'agit pas non plus de rester bloqué à 5000,00 tours/minutes et sauter de la moto parce qu'on est passé à 5.000,01 tours/minutes de peur qu'elle n'explose. C'est même mauvais. Il faut faire varier les régimes, en veillant toutefois à rester au-dessus de 3.000 tours/minutes sur les rapports supérieurs pour éviter de faire "cogner" le moteur. Et même la boîte devra avoir droit à son petit rodage, en changeant souvent de rapport (ce qui sera inévitable si on veut garder le moteur entre 2.000 et 5.000 tours/minutes sur les 500 premiers kilomètres). Car autant un moteur en rodage n'aime pas les sur-régimes, mais il déteste encore plus les sous-régime qui font cogner l'embiellage. c'est même encore pire qu'un sur-régime passager.
Bref, pendant le rodage, on enroule après avoir fait chauffer le moteur.
Un moteur se chauffe en roulant, et pas en donnant des coups de gaz à vide, moto sur la latérale.
Ce sont sans doute les 500 premiers kilomètres les plus pénibles, car il va falloir garder le moteur dans une bande de régime plutôt étroite (2.000 à 5.000 tours). On se retrouve en plus avec une machine que l'on ne connaît pas bien, et qui ne dispose pas encore de son plein potentiel d'accélération pour arriver à se sortir d'un situation "limite" dans la circulation. C'est particulièrement vrai en ville où il faudra non seulement faire gaffe à tout ce qui bouge sur 2 et 4 pattes et 2, 3 et 4 roues, mais aussi à ménager son moteur. Mais il ne faut pas non plus que le rodage te mette dans des situations dangereuses : si il faut mettre gaz pour t'en sortir, fais-le sans hésiter. Ton moteur, je le répète, n'est pas en sucre.
La méthode "brutale"
Certains affirment que le rodage "classique" ne permet pas d'obtenir un fonctionnement optimal du moteur, car les utilisateurs ont tendance à trop chouchouter leur moteur pendant 1.000 kilomètres avant de tirer dedans comme des ânes une fois la 1ere révision effectuée.
C'est un point de vue qui se défend. Personnellement, je n'ai pas d'opinions là-dessus.
Voilà comment se passe un rodage "brutal" :
Après avoir fait bien chauffer le moteur sur une quinzaine de kilomètres, le solliciter au maximum de son potentiel directement, en alternant les phase d'accélération à plein régime et les coupages de gaz complet avec descente des rapports. L'idée est de forcer les segments à user le plus vite possible les parois du cylindre afin qu'ils prennent leur place et "scellent" ainsi le haut moteur pour limiter les fuites d'hydrocarbures et de dépôts vers le bas-moteur, ce qui a pour conséquence de dégrader la qualité de l'huile. Cette phase de sollicitation maximum dure pendant environ 30 kilomètres. Il ne s'agit pas de trouver une autoroute (allemande, bien sûr) et de souder comme un mulet pendant 30 bornes. On peut faire ça sur route départementale en utilisant les rapports intermédiaires. Il faut conduire la moto quasiment comme sur une piste, en alternant accélération et freinage brutals. Une fois ces 30 kilomètres terminés, il faut impérativement vidanger l'huile moteur. On pourra ensuite conduire la moto normalement jusqu'à la révision des 1.000.
Mais cette méthode a 3 inconvénients principaux :
- il n'y a pas que le moteur qui est neuf, mais aussi les pneus (ça glissouille au début) et les freins (on peut "glacer" les plaquettes en les sollicitant trop violemment en début de vie).
- on ne connaît pas la moto, donc il faut déjà une bonne expérience de la route pour pouvoir se permettre d'enquiller d'emblée. Nouveaux permis ou jeunes motards, faites un rodage "doux".
- elle va à contre-courant ce que que l'on nous répète partout.
A mon sens, les deux premiers inconvénients expliquent pourquoi les constructeurs préconisent la méthode "douce" : je les imagine mal nous expliquant qu'il faut allumer comme un barge pendant les 30 premiers kilomètres, à peine sortis de la concession avec une machine avec pneus et freins neufs : ça serait suicidaire, et augmenterait les risques d'accidents.
Quelques points à retenir (pour les pressés)
- le rodage est important pour le moteur
- la révision des 1.000 aussi
- faire chauffer son moteur est primordial
- le rodage concerne aussi son pilote (on parle alors d'apprentissage)
- les plaquettes et surtout les pneus doivent aussi être rodées
- méthode douce ou brutale, l'important est de rester sur ses roues, et les roues sur la route
PS : je me contente d'indiquer 2 méthodes possibles, et ne conseille ni l'une, ni l'autre. Traiter la méthode brutale de "débile" ou assimiler les adeptes de la méthode "douce" à des poltrons ne fera pas avancer le débat d'un millimètre. Par contre, si vous avez des arguments techniques vérifiables à avancer, ils sont les bienvenus.
Préambule :
Malgré la qualité de l'usinage des pièces d'un moteur, il reste toujours un petit travail d'apariement des pièces mécaniques en contact les unes des autres. Le segments doivent finir d'adoucir les parois du cylindre, les pignons s'ajuster au mieux les uns par rapport aux autres, les pièces mobiles achever de se placer par rapport aux pièces fixes, etc. On a coutume de dire que le rodage est une étape importante dans la vie d'un moteur, et qui conditionnera son rendement futur et sa durée de vie. Un moteur massacré pendant le rodage sera moins performant, consommera plus d'huile... Mais ces conseils sont aussi valables après la phase de rodage.
Le rodage :
Le rodage consiste donc à parfaire la mise en place des pièces, notamment au niveau de l'ensemble vilebrequin-bielle-segments-cylindre, qui vont s'user les uns par rapport aux autres pour atteindre leur jeu de fonctionnement optimal. Ce sont ces jeux de fonctionnement qui vont conditionner l'étanchéité des segments, par exemple.
Il existe deux méthodes de rodage : la douce et la brutale, cette dernière étant sujette à polémique.
La douce consiste à augmenter progressivement la charge imposée au moteur pendant une période donnée, généralement de 1.500 kilomètres. Il s'agit de monter progressivement dans les tours, par paliers de 1.000 tours/minutes.
Sans chiffres précis pour l'instant, on peut néanmoins supposer qu'il faudra rester sous les 5.000 tours/minutes de 0 à 500 km, puis augmenter de 1.000 tours/minutes par tranche de 100 km pour arriver à 10.000 tours à 1.000 kilomètres, au moment de la 1ere révision.
Notez que cette révision est impérative. Pendant les 1.000 premiers kilomètres, les pièces vont s'user, et libérer dans l'huile des particules métalliques abrasives qui seront éliminées à la 1ere vidange. Faire la 1ere révision à 1.200 km n'est pas un drame, à 2.000 ça devient plus chaud, à 5.000 ce n'est pas conseillé.
A la sortie de la 1ere révision, le rodage n'est pas terminé pour autant. Pendant encore 500 kilomètres il va falloir éviter de trop tirer sur le moteur pendant de longues périodes (genre autoroute à fond pendant 20 kilomètres). En effet, tant que le jeu entre les pièces mécaniques n'est pas optimal, les pièces ont tendance à surchauffer. Et qui dit surchauffe dit risque d'arrachement de pellicules de métal qui vont se retrouver dans l'huile, ce qui n'est pas bon.
Comment faire un bon rodage ?
En période de rodage, et encore plus qu'après, il faudra prendre soin de ne pas taper dans le moteur à froid. Cela ne veut pas dire de rouler comme une limace en sous-régime pendant 20 kilomètres avant d'ouvrir comme une brute. Cela veut dire utiliser le moteur sans forcer, sans ouvrir la poignée de gaz en grand (sauf cas d'urgence), en le laissant monter en température. Evidemment, cette période de chauffe sera plus longue en hiver qu'en été.
Maintenant, il ne faut pas non plus être complètement paranoïaque, ou tout simplement trop prudent : nos moteurs ne sont pas en sucre, donner un coup de gaz une minute après le départ ne va pas démolir le moteur.
Une fois la machine chaude, il ne s'agit pas non plus de rester bloqué à 5000,00 tours/minutes et sauter de la moto parce qu'on est passé à 5.000,01 tours/minutes de peur qu'elle n'explose. C'est même mauvais. Il faut faire varier les régimes, en veillant toutefois à rester au-dessus de 3.000 tours/minutes sur les rapports supérieurs pour éviter de faire "cogner" le moteur. Et même la boîte devra avoir droit à son petit rodage, en changeant souvent de rapport (ce qui sera inévitable si on veut garder le moteur entre 2.000 et 5.000 tours/minutes sur les 500 premiers kilomètres). Car autant un moteur en rodage n'aime pas les sur-régimes, mais il déteste encore plus les sous-régime qui font cogner l'embiellage. c'est même encore pire qu'un sur-régime passager.
Bref, pendant le rodage, on enroule après avoir fait chauffer le moteur.
Un moteur se chauffe en roulant, et pas en donnant des coups de gaz à vide, moto sur la latérale.
Ce sont sans doute les 500 premiers kilomètres les plus pénibles, car il va falloir garder le moteur dans une bande de régime plutôt étroite (2.000 à 5.000 tours). On se retrouve en plus avec une machine que l'on ne connaît pas bien, et qui ne dispose pas encore de son plein potentiel d'accélération pour arriver à se sortir d'un situation "limite" dans la circulation. C'est particulièrement vrai en ville où il faudra non seulement faire gaffe à tout ce qui bouge sur 2 et 4 pattes et 2, 3 et 4 roues, mais aussi à ménager son moteur. Mais il ne faut pas non plus que le rodage te mette dans des situations dangereuses : si il faut mettre gaz pour t'en sortir, fais-le sans hésiter. Ton moteur, je le répète, n'est pas en sucre.
La méthode "brutale"
Certains affirment que le rodage "classique" ne permet pas d'obtenir un fonctionnement optimal du moteur, car les utilisateurs ont tendance à trop chouchouter leur moteur pendant 1.000 kilomètres avant de tirer dedans comme des ânes une fois la 1ere révision effectuée.
C'est un point de vue qui se défend. Personnellement, je n'ai pas d'opinions là-dessus.
Voilà comment se passe un rodage "brutal" :
Après avoir fait bien chauffer le moteur sur une quinzaine de kilomètres, le solliciter au maximum de son potentiel directement, en alternant les phase d'accélération à plein régime et les coupages de gaz complet avec descente des rapports. L'idée est de forcer les segments à user le plus vite possible les parois du cylindre afin qu'ils prennent leur place et "scellent" ainsi le haut moteur pour limiter les fuites d'hydrocarbures et de dépôts vers le bas-moteur, ce qui a pour conséquence de dégrader la qualité de l'huile. Cette phase de sollicitation maximum dure pendant environ 30 kilomètres. Il ne s'agit pas de trouver une autoroute (allemande, bien sûr) et de souder comme un mulet pendant 30 bornes. On peut faire ça sur route départementale en utilisant les rapports intermédiaires. Il faut conduire la moto quasiment comme sur une piste, en alternant accélération et freinage brutals. Une fois ces 30 kilomètres terminés, il faut impérativement vidanger l'huile moteur. On pourra ensuite conduire la moto normalement jusqu'à la révision des 1.000.
Mais cette méthode a 3 inconvénients principaux :
- il n'y a pas que le moteur qui est neuf, mais aussi les pneus (ça glissouille au début) et les freins (on peut "glacer" les plaquettes en les sollicitant trop violemment en début de vie).
- on ne connaît pas la moto, donc il faut déjà une bonne expérience de la route pour pouvoir se permettre d'enquiller d'emblée. Nouveaux permis ou jeunes motards, faites un rodage "doux".
- elle va à contre-courant ce que que l'on nous répète partout.
A mon sens, les deux premiers inconvénients expliquent pourquoi les constructeurs préconisent la méthode "douce" : je les imagine mal nous expliquant qu'il faut allumer comme un barge pendant les 30 premiers kilomètres, à peine sortis de la concession avec une machine avec pneus et freins neufs : ça serait suicidaire, et augmenterait les risques d'accidents.
Quelques points à retenir (pour les pressés)
- le rodage est important pour le moteur
- la révision des 1.000 aussi
- faire chauffer son moteur est primordial
- le rodage concerne aussi son pilote (on parle alors d'apprentissage)
- les plaquettes et surtout les pneus doivent aussi être rodées
- méthode douce ou brutale, l'important est de rester sur ses roues, et les roues sur la route
PS : je me contente d'indiquer 2 méthodes possibles, et ne conseille ni l'une, ni l'autre. Traiter la méthode brutale de "débile" ou assimiler les adeptes de la méthode "douce" à des poltrons ne fera pas avancer le débat d'un millimètre. Par contre, si vous avez des arguments techniques vérifiables à avancer, ils sont les bienvenus.